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ລາ​ກ່ອນ Laos สวัสดี Thaïlande 

« Lakon » Laos, « sawadii » Thaïlande !

=> nous avons ajouté un album photo récapitulatif sur le Laos.

C’est dans la région de Vang Vieng que nous retrouvons les parents de Mathilde, eux aussi en voyage pendant deux mois en Asie du Sud-Est. Nous allons passer une semaine avec eux. Pour célébrer l’événement nous nous offrons une soirée dans un bel hôtel au bord du lac de barrage de Nam Ngum, avec une piscine, des kayaks nous permettant d’explorer le lac, et un bon restaurant.  L’idée est que Francine nous accompagne à vélo le lendemain jusqu’à Vang Vieng. Connaissant l’état déplorable de la route pour l’avoir empruntée en taxi la veille, elle essaie de nous dissuader de faire ces quelques trente kilomètres à vélo. Mais Mathilde déniche un itinéraire bis sillonnant entre les pitons karstiques qui évite l’essentiel des mauvaises sections. La piste est défoncée mais la compagnie de mamie et les jolies vues mettent tout le monde de bonne humeur, et nous savourons ensemble la fin du chapitre cycliste au Laos.

Les chemins de traverses sont aussi l’occasion de rencontres spontanées et authentiques. Nous nous arrêtons dans un petit temple, cherchant un peu d’ombre pour faire une pause en fin de matinée. Des moines sympathiques nous accueillent et aident les filles à peaufiner leur prière bouddhiste. Ils leur offrent ensuite des petites amulettes qu’elles gardent précieusement en souvenir de ce très bon moment partagé avec leur mamie. Le père de Mathilde nous rejoint lui aussi à vélo et il nous guide jusqu’à la guesthouse. Nous célébrons les retrouvailles devant d’excellentes pizzas qui régalent les trois générations. 

Nous renouons à Vang Vieng avec le tourisme international. Depuis notre séjour en Corée du Sud, nous avons bien pris conscience du très haut niveau de vie des Coréens qui leur permet de voyager. C’est donc sans surprise qu’ils sont nombreux dans les grands spots touristiques laotiens comme ici à Vang Vieng. De même, la Chine, toute proche et investisseur majeur au Laos, amène maintenant un flot considérable de touristes, face visible de la croissance de la classe moyenne chinoise. Plusieurs touristes français avec qui nous discutons s’étonnent, voire s’offusquent, de se retrouver en minorité parmi les touristes asiatiques. Le temps de la colonisation française est bien loin !

De nombreuses activités d’extérieur sont proposées pour divertir la foule : quads, ULM, motos, speed boats,… et autant de moteurs bruyants qui viennent s’ajouter à ceux des tuktuks et des minibus. L’atmosphère ne donne ni aux uns ni aux autres l’envie de s‘attarder. Nous visitons quand même une petite grotte paisible en bordure de ville, un peu oubliée par les agences de voyage. Après avoir grimpé jusqu’au milieu de la falaise, la famille passe un bon moment à explorer une belle quantité de stalagmites et de stalactites. 

Nous laissons nos vélos et une partie des bagages aux soins de la gérante de l’hébergement pendant une semaine et partons tous ensemble pour Luang Prabang, haut lieu du tourisme laotien dont nous avons entendu de bons échos. Depuis à peine plus de deux ans, un train à grande vitesse construit par la Chine relie la capitale actuelle Vientiane à l’ancienne capitale Luang Prabang, la ligne continuant ensuite jusqu‘en Chine. La modernité du train, la taille des gares et le nombre impressionnant de tunnels contrastent avec le développement actuel du pays. L’ouverture de cette ligne est régulièrement citée comme un exemple de la main mise de la Chine sur le Laos, avec pour conséquence l’arrivée massive de touristes chinois, un million en 2019 prévu pour grimper à trois millions en 2025, mais aussi d’investisseurs et de commerçants. Cela fait beaucoup de monde à l’échelle d‘un pays de 7.5 millions d’habitants. 

Dès nos premiers pas dans le centre historique de Luang Prabang, nous pénétrons dans un autre pays : les rues ont des trottoirs, les déchets sont ramassés, les maisons ont des beaux jardins, les bâtiments historiques sont entretenus,… C‘est plutôt joli et très, très différent du pays que nous avons traversé depuis trois semaines. Nous avons quand même du mal à être émerveillés. La cité antique de Luang Prabang, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, connaît depuis quelques années une arrivée massive de touristes. 

Confrontée au dilemme de concilier la nécessité économique du tourisme avec la conservation de son patrimoine culturel, la ville semble avoir déjà largement perdu la bataille. Le centre historique a été quasiment vidé de ses habitants, remplacé par des hôtels, guesthouses, bars, restaurants et boutiques de souvenirs. Il faut s’éloigner vers les quartiers populaires et leur poussière pour retrouver de la vie et quelques signes d’activités traditionnelles. Cela nous rappelle Hoi An au Vietnam et son centre ville historique devenu une ville musée dédiée au tourisme mais ayant un peu perdu son âme. 

L’une des traditions les plus connues à Luang Prabang est le Tak Bat où les moines, pieds nus et vêtus de leur robe orange caractéristique, défilent dans la ville aux aurores pour recevoir l’aumône de la population. De très nombreux touristes y participent maintenant, souvent dans le cadre d’activités organisées par des agences, pour se prendre en selfie en train de distribuer leurs boulettes de riz comme on donnerait des cacahuètes à des singes. 

Tout ce cirque nous met mal à l’aise, car si ce rituel est dénaturé par le tourisme à Luang Prabang, il reste bien présent et intégré à la vie des Laotiens de façon plus discrète et moins orchestrée. Le rôle des moines et du bouddhisme dans la société laotienne reste prépondérant. Les temples sont très nombreux, aussi bien anciens que flambant neufs. Beaucoup d’hommes se font moines à un moment de leur vie et nous croisons quotidiennement des robes oranges dans les villages et les villes. Les moines ont traditionnellement le statut le plus élevé dans la société bouddhiste et même les parents doivent se prosterner devant leur enfant une fois celui-ci devenu moine. Ainsi, l’ordination de jeunes moines est un événement important que l’on célèbre entre autres par un cortège. Un jour, nous tombons sur une parade où des jeunes garçons, habillés en blanc avec le crâne fraîchement rasé, défilent dans tout le village. Installés sur un trône dans un pickup, ils sont bien entendu accompagnés d’imposantes enceintes qui jouent de la musique. Cette cérémonie est très importante dans la vie des familles car avoir un fils moine préserve de l’enfer, apparemment. 

Nous passons trois jours sur place, alternant visites de temples, petits tours au marché, balades le long du Mékong et farniente (alias écriture du blog 😁). Et entre bons français, nous ne pouvons évidemment quitter la ville sans manger dans un restaurant plus gastronomique que les gargotes qui proposent presque toutes le même menu. Nous goûtons ainsi aux spécialités laotiennes revisitées par un chef français : un vrai délice. 

Nous quittons Luang Prabang pour une excursion de trois jours. Nous remontons le Mékong pendant une journée, à bord d’un des gros bateaux assurant les liaisons quotidiennes avec les villages établis le long du fleuve. Les vues sur les montagnes des environs sont grandioses et la vallée est restée assez sauvage, alternant entre des forêts, de l’orpaillage artisanal et des petits villages. 

Après 25 km, nous passons près d’un barrage en construction sur le fleuve. Il figure parmi plusieurs projets d’exploitation des ressources hydrauliques du pays. La revente de l’électricité produite, principalement à la Thaïlande, offre des perspectives de retombées financières conséquentes et régulières. Dans un monde idéal, cet apport de devises pourrait bénéficier grandement aux dépenses publiques nécessaires pour continuer de sortir le pays de la misère. L’avenir dira si ces grands chantiers, financés par des entreprises étrangères, ont l’impact positif qu’ils promettent.

Les aspects négatifs, eux, font moins de doute. Il y a déjà la destruction des espaces naturels par ces chantiers gigantesques, mais aussi la mise en danger de la circulation fluviale dont dépendent les communautés de villageois établies le long du fleuve. Un système d’écluses est parfois mentionné, mais les villageois n’ont pas l’air d’y croire.

Les grands chantiers ne sont pas les seules menaces sur l’écosystème. Depuis notre arrivée au Laos, nous n’avons vu quasiment aucune faune sauvage : pas d’oiseaux, pas de reptiles, zéro mammifères. Une fois que l’on a remarqué cette absence de vie, il est difficile d’en faire abstraction. Nous n’avions encore jamais vu de forêts sans oiseaux ! Tout ce qui bouge est chassé, sans contrôles ni régulations. Les arbres sont badigeonnés avec de la colle pour attraper les oiseaux, les écureuils tirés à l’arc, les rats pris dans des pièges. Il paraît pourtant que le Laos, grâce à ses vastes forêts, est l’un des pays d’Asie du Sud-Est abritant le plus d’espèces d’animaux. Espérons qu’ils restent bien cachés !

Nous arrivons à la nuit tombante dans le petit village de Pakbeng au « Mekong elephant park » pour un séjour captivant dans la forêt. Il ne reste que 700 éléphants au Laos, dont la moitié à l’état sauvage, et leur nombre ne cesse de diminuer. C’est très peu pour le “royaume au million d’éléphants”, ancien nom du Laos. Ils sont victimes des activités humaines, qui grignotent leur habitat naturel, quand ils ne sont pas tout simplement braconnés pour être revendus en Chine sous forme de poudre ou crème de perlimpinpin aux vertus médicinales miraculeuses. Dans un pays aussi pauvre que le Laos, le gouvernement ne fait même pas semblant de s’intéresser au problème. Il a d’autres priorités. Wendy, une Française établie au Laos depuis une quinzaine d’années, a eu l’audace de créer une ONG visant à protéger les éléphants du Laos, sans aide de l’état. Son parc abrite pour l’instant six éléphants qui sont choyés nuit et jour dans une immense forêt en vue de les maintenir en bonne santé et d’éviter d’éventuels conflits avec les villageois voisins. Le parc est financé principalement par les visites des touristes, charmés par l’énergie formidable que Wendy et son équipe mettent à faire partager leur passion. En plus d’observer les éléphants dans leur environnement naturel, nous pouvons voir des artisans locaux travailler le fer et le bambou. Émilie et Héloïse passent ainsi de bons moments à se faire enseigner le Lao, la forge et la vannerie par des artisans tout aussi ravis. Cette journée très enrichissante laisse un souvenir impérissable aux petits comme aux grands. 

Nous retournons à Luang Prabang en bateau, qui est cette fois ci plein à craquer. La descente du Mékong sur deux jours étant un itinéraire relativement prisé par les backpackers pour venir au Laos depuis la Thaïlande. Par chance, deux autres familles françaises sont à bord et les enfants passent les huit heures de bateau à jouer, laissant les adultes profiter tranquillement du paysage. 

Nous passons alors une belle soirée en ville avec les parents de Mathilde au bord du Mékong pour manger un dernier larb, une salade de viandes et d’herbes aromatiques relevée avec du citron et du piment ou une salade de papaye verte également bien pimentée, le tout accompagné de riz gluant. La cuisine laotienne utilise généreusement des herbes fraîches et des piments assez forts, mais aussi une sauce à base de poissons fermentés un peu moins appétissante mais dont les locaux raffolent. Heureusement, les cuisiniers ont la main légère lorsqu’ils préparent leurs plats pour des occidentaux. 

Et puis, après une semaine à six, arrive le moment de se séparer. Nos visas laotiens se terminent et les grands-parents continuent vers le Cambodge. Nous reprenons à quatre le train pour Vang Vieng où nous avions laissé les vélos. Nous avons alors le plaisir de retrouver par hasard nos amis voyageurs suisses, rencontrés auparavant au Vietnam à Hoi An pour un dîner bien sympathique. Ce deuxième bref séjour à Vang Vieng donne l’occasion d’aller se promener un peu dans la nature environnante. Une petite dizaine de chemins sont entretenus, permettant d’escalader certains pitons karstiques de la région. L’ambiance dans la forêt est magnifique au levé du jour et la vue sur de vastes espaces inaccessibles fait relativiser la fréquentation touristique de la région. C’est très beau et il y a quand même beaucoup de place !

Nous cherchons ensuite à rejoindre Vientiane, capitale du pays et point de passage pour la Thaïlande, notre prochaine destination. Le train permettrait de faire le trajet en à peine une heure, mais il n’est pas possible d’y transporter les vélos. Il y a aussi une grosse autoroute, également construite par la Chine, rapide et peu fréquentée en raison de tarifs élevés, mais il faut sans doute prendre un minibus touristique et les vélos posent dans ce cas souvent problème. À la place, nous sautons sur la première opportunité qu’on nous présente à la gare routière et nous passons quatre heures sur une route secondaire pleine de trous. Assis dans une camionnette sans âge, nous observons avec un regard dubitatif l’ossature métallique qui menace de se désintégrer à chaque secousse. Nos vélos sont sur le toit, adroitement ficelés à la structure rouillée, avec nos bagages et les colis que le chauffeur charge ou décharge au gré des arrêts. Une fois, c’est un seau rempli d’eau et de poissons vivants qui vient ainsi rejoindre nos tandems. Nous avions parcouru une partie de cette route à vélo il y a une semaine et ça secouait moins sur les tandems 😁.

La gare routière étant comme souvent en périphérie nous avons l’occasion de traverser la ville à vélo pour rejoindre un magnifique hôtel de l’époque coloniale dans le centre ville. L’air pique les yeux à cause des fumées d’échappement, mais avec son million d’habitants la capitale du Laos reste très petite par rapport aux grandes villes des pays voisins. Il y a peu d’attractions touristiques, mais on y croise quand même des expatriés venus faire des affaires au Laos. Nous profitons des boulangeries françaises pour y prendre d’excellents petits déjeuners et remonter le moral des enfants, un peu affectées par les adieux à la famille. Les derniers kilomètres jusqu’au poste frontière avec la Thaïlande passent assez vite sur les routes secondaires où les derniers « sabaidee » nous saluent de bon matin. 

Nous emportons avec nous le souvenir d’une population accueillante et souriante, avec une mention particulière pour les milliers d’enfants qui nous ont dit bonjour. Nous aurions aimé échanger plus avec toutes les personnes rencontrées au bord des routes. Mais notre méconnaissance du Lao et la quasi absence d’anglophones ou de francophones n’ont pu être compensés par l’utilisation des outils de traduction du téléphone. 

Fun facts

Nous avons roulé 835km au Laos. Nous avons crevé une seule fois et n’avons toujours pas été malades. 

Le jackpot de la loterie national s’élève à un milliard de kip, soit environ cinquante mille euros.

Nous n’avons jamais été sollicités pour de l’argent et nous n’avons jamais été contrôlé par la police en dehors des frontières. 

Il n’y a pas de pièces de monnaie et le plus petit billet vaut environ deux centimes. 

La soupe de nouilles est généralement servie avec un panier d’herbes, des haricots verts crus, du citron vert et des piments à ajouter au bouillon selon ses goûts. 

La majorité des laotiennes s’habillent avec un sinh, une forme de sarong brodé.

Seulement 70% des Laotiens finissent l‘ école primaire. Et seulement 35% continuent au collège. 

=> nous avons ajouté un album photo récapitulatif sur le Laos.

7 commentaires sur “ລາ​ກ່ອນ Laos สวัสดี Thaïlande ”

  1. There’s sooooo much amazing stuff here, it’s hard to know where to start – so will just say – THANK YOU for taking the time (during your “relaxation” time) to share all these interesting insights…. and I’m glad you got to spend some time with family and friends!

  2. Certes, textes + photos…c’est du boulot…mais pour nous c’est un bon moyen de voyager sans se fatiguer ! …alors CONTINUEZ !🙏
    Les retrouvailles avec Francine et Denis ont dû être un grand moment. On comprend la tristesse des filles après le départ des papi/mamie! 😢.
    Visiblement vous mangez bon 😋…tant pis, on se contentera des photos!

  3. Dear friends, thanks so much for the post. It feels like reading a really good novel: it is interesting (the economical development of the place), loving (the three generations in a road trip), moving (forests without birds and no elephants in the land of the thousand elephants), spiritual (the exchange in Buddhist temples ), funny (a trip next to a bucket of live fish in a van that was falling apart) and adventurous (the latter also applies to this category). Nonetheless I must say that I am still expecting some pics or stories about SyR singing karaoke or trying bugs. I think that would definitely get you fully immersed in these countries 🤪 . Jokes aside, it is always a pleasure following and reading you. I also notice a constant in your post which is how you underline, despite the differences and living context, the good nature of many of the people you encounter.
    I wish you a good continuation and SyR, do not forget my suggestions above for the next post 😂

    Un fuerte abrazo para cada uno 🤗🤗🤗🤗 et pour les grandsparents cette fois aussi 🤗🤗

    1. Sylvain Reboux

      Dear Pedro, thanks for the warm message. Still, you must know by now that some of the things that happen in Asia stay in Asia 😉. I hope all is well in your part of the world and that you’re not running so much. If you train too well I won’t be able to run with you anymore when I come back 😜
      Take care 🤗🤗🤗🤗

  4. Discrètement mais régulièrement !… Nous vous suivons depuis les débuts de votre belle aventure.
    Un grand bravo et un grand merci de nous faire voyager en nous faisant découvrir toutes ces régions du globe bien différentes de chez nous.
    Bonne continuation !

    1. Sylvain Reboux

      Merci ! Nous avons bien de la chance de pouvoir voyager ainsi, alors nous en profitons autant que nous pouvons. Car oui, le monde est bien différent d’un endroit à un autre : aujourd’hui nous avons passé une heure à regarder des singes dressés à faire tomber les noix de cocos du sommet des cocotiers ! 🐒🏝️ Ça dépayse 😀

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