“sayonara” Japon, “Nǐ hǎo” Taïwan !
=> nous avons ajouté un album photo récapitulatif sur le Japon.
Une heure de bus, deux heures de Shinkansen et trente minutes de métro nous ramènent sans difficultés de Kawaguchiko, au pied du Mont Fuji, au centre-ville d’Osaka. Nous décidons d’y passer trois nuits, afin de prendre le pouls de la deuxième plus grande mégalopole du pays. Le centre-ville ne compte “que” 3 millions d’habitants, mais le chiffre grimpe à près de 20 millions quand on rajoute les municipalités voisines. C’est grand !
Nos premières impressions, en comparant avec Tokyo, sont que la ville est plus horizontale, avec moins de gratte-ciels compressés les uns contre les autres, moins propre, moins rangée et peut-être plus décontractée. C’est une effervescence presque latine qui déborde sur la rue et les trottoirs – toutes proportions gardées car nous sommes quand même bien au Japon et personne ne se bouscule ni ne traverse en dehors des clous. Les rues piétonnes du fameux Dotonbori sont pleines de monde, de bruit, de devantures de restaurants extravagantes, de néons qui brillent et de délicieuses odeurs exotiques. C’est un petit festival pour les sens, mais fatiguant pour tous.
Comme dans toute grande ville, il y a à Osaka de nombreuses activités bien conçues pour les enfants. Nous choisissons de passer un après-midi à l’aquarium, un des plus grands du monde qui est très connu pour ses requins-baleines et ses mammifères marins. Les filles sont scotchées devant le bassin où cabriolent de nombreux jeunes dauphins survoltés, même si l’émerveillement est moins profond que 6 semaines auparavant, lorsqu’elles avaient pu caresser gentiment ce paisible cétacé sur l’île d’Iki, presque seules au monde. Clairement, la quantité ne fait pas la qualité et même les enfants sont sensibles à la poésie… ou à son absence.
Nous consacrons aussi un après-midi au Kidsplaza, un centre de jeux « éducatif » et visitons le musée d’histoire de la ville. Si ces lieux sont intéressants et bien adaptés aux enfants, ils sont aussi très prisés par les écoles et les touristes, et approchent parfois de la saturation. Si vous recherchez le calme, allez voir ailleurs 😔.
Nous avons choisi de ne pas visiter Kyoto, bien que cette ville soit la première destination touristique du Japon et située à seulement quelques dizaines de minutes d’Osaka en train. En effet, nous avons entendu plusieurs avis mitigés sur Kyoto ces derniers temps, notamment en raison de l’afflux massif de touristes chinois depuis la levée des restrictions liées au Covid. Comme nous trouvons généralement peu de plaisir à être au milieu d’une foule de gens, nous finissons notre séjour au Japon en passant plutôt quelques jours à Nara, ville qui avait beaucoup emballé Mathilde lorsqu’elle y était venue il y a quelques années. Nara fut brièvement la capitale du Japon au VIIIe siècle, quand le bouddhisme était la religion dominante du pays et la ville a conservé de nombreux temples ayant traversé les siècles.
Le parc historique de Nara est le refuge de très nombreuses biches semi-domestiques qui se laissent facilement approcher. C‘est une grosse attraction touristique comme en témoignent les nombreux souvenirs à l’effigie des cervidés en vente un peu partout. Il y a d’ailleurs foule pour nourrir les bêtes et se faire photographier à côté d’elles. Les animaux sont clairement en surpopulation mais sont traités comme des divinités et ont une immense forêt à leur disposition. Cela ravit en tout cas nos filles, toujours heureuses de pouvoir caresser des animaux 😀.
Nous retrouvons Guillaume, un ami-collègue expatrié à Nara au parc d’Ikoma. Cela donne l’occasion d’échanger avec lui sur sa vision du pays pendant que les enfants s’amusent. Le parc d’attraction est un peu vieillot mais possède une certaine candeur et un peu de naïveté qui séduisent immédiatement les enfants. L’un des manèges date de 1924 et le reste des attractions a une bonne quarantaine d’années. Un panda volant légèrement rouillé nous promène tranquillement au dessus du parc avec une belle vue dégagée sur les villes d‘Osaka, Kobe, Kyoto et Nara et la ville s’étend jusqu’au pied des collines boisées. Un peu plus tard, un spectacle en plein air met en vedette Anpanman, ce personnage de dessins animés des années 70 dont nous avions visité le musée et que nos filles reconnaissent maintenant partout… Le parc est bien fréquenté par les familles de la région qui viennent s’évader du tumulte urbain. L’ambiance est calme et détendue : un très bon moment apprécié par tous malgré le vent glacial qui s’est mis à souffler pour annoncer l’approche de l’hiver.
Le passage à un temps froid et pluvieux nous pousse à revoir à la baisse nos ambitions de visites des sites historiques, pourtant nombreux et magnifiques. Nous profitons quand même d’une éclaircie pour visiter l’imposant temple de Todaiji, avec son immense bouddha en bronze et son grand temple en bois. Trois mois plus tôt en Mongolie, nous avions commencé notre voyage devant un grand bouddha de tradition tibétaine avec des décorations multicolores très chargées. Ici, l’immense statue trône presque seule dans un vieux temple en bois noir et blanc. Le bouddhisme a fait une cure de sobriété en arrivant au Japon !
Nous continuons la balade dans le parc de Nara à la découverte de ses autres joyaux. La foule quitte les lieux, il fait presque nuit, une belle lumière rasante illumine les vieux temples dans la forêt. On se croirait dans une brochure d’agence de voyage tellement les vues sont photogéniques.
Nos dernières nuits dans les maisons nippones ont été fraîches, voire très fraîches. En effet, beaucoup de maisons sont sans isolation ni chauffage central. Elles sont conçues pour durer une cinquantaine d’années, résister aux séismes grâce à leur légèreté, et être rasées puis reconstruites au lieu d’être rénovées. Fuyant de partout et construites en matériaux légers, elles permettent paraît-il une bonne aération l’été quand l’humidité est élevée. Cependant, le confort atteint vite ses limites quand il fait moins de 10 degrés dehors (et donc dedans). De petits radiateurs servent à réchauffer brièvement l’air ambiant mais leur efficacité est discutable vue l’épaisseur des murs en bois et les fenêtres sans double vitrage. Ces passoires énergétiques sont un mystère pour nous occidentaux, si ce n’est peut-être leur faible coût de construction. Paradoxalement, les mêmes maisons sont truffées de gadgets électroniques qui nous paraissent certes un peu datés. Ainsi, nous allumons les lumières grâce à des télécommandes et pouvons contrôler précisément la température du bain par un petit cadran électronique mais nous dormons sous 2 grosses couettes dans une chambre à 8 degrés 🤔.
Nous repensons alors aux années 80, quand la technologie japonaise dominait la planète et nous faisait rêver. Cette technologie a été déployée tôt, partout, avec une avance incroyable sur l’Europe. Puis la croissance économique s’est arrêtée et l’essentiel des ressources semble depuis avoir été consacré à la maintenance des installations existantes, qui paraissent ainsi dater du siècle passé.
La lecture du livre Factfullness de Hans Rosling il y a quelques années nous avait fait prendre conscience que le monde évolue vite et que, de fait, une partie des connaissances acquises lors de notre scolarité ne sont tout simplement plus valides et ne servent au mieux qu’à alimenter nos préjugés. Nous en faisons l’expérience dans tous les pays que nous traversons, mais le Japon fait quand même figure d’exception. Ce que nous avions appris dans notre enfance sur ce pays reste en effet exact dans l’absolu : vie chère, technologie de pointe, électronique omniprésente,… mais pas de manière relative, quand on compare à l’Europe occidentale en 2023.
Le Japon nous donne l’impression d’avoir peu changé durant les trente dernières années alors que le reste du monde a, lui, beaucoup évolué. Certaines innovations, comme par exemple la dématérialisation des moyens de paiement, semblent ne pas trouver leur place dans un système bancaire archaïque. Nous avons dû payer régulièrement en espèces, y compris aux caisses automatiques de certains supermarchés. Les prix ont aussi peu changé mais le yen s’est dévalué, augmentant considérablement le pouvoir d’achat des touristes européens. Hormis quelques quartiers à Tokyo, ce n’est donc pas une impression « futuriste » ou « high-tech » que nous laisse le Japon, mais plutôt celle d’un retour dans le temps, à une époque où la technologie faisait rêver en promettant un monde complètement automatisé.
C’est en fait vraiment l’humain qui semble être l’élément essentiel de la société japonaise. Nous en avons été témoins à nombreuses reprises en observant les interactions entre les Japonais, mais pouvons l’illustrer par une petite anecdote, lorsque nous avons voulu envoyer trois petits colis de cadeaux et souvenirs vers l’Europe. Arrivés au guichet d’un bureau de poste, on nous apprend qu’un nouveau système informatisé a été introduit, nécessitant de pré-remplir les formalités de douane sur un smartphone avant de pouvoir créer l’étiquette à apposer sur le paquet. C’est beaucoup trop compliqué pour nous, sachant que tout est en japonais et que rien n’a été prévu pour ceux qui n’ont pas d’adresse ni de numéro de téléphone au Japon. Nous sommes complètement désemparés, et Émilie s’inquiète que ses copines ne puissent recevoir leurs petits cadeaux. Une poignée de fonctionnaires se mobilisent pour nous porter secours et, avec une patience infinie, venir à bout du système informatique mal conçu. L’aventure prend presque deux heures (!), mais personne ne s’agace ni ne hausse le ton et tout se finit par quelques courbettes cordiales, les colis en route pour la Suisse.
Nous terminons par deux journées de logistique et de transport pour quitter le Japon et l’hiver, et nous diriger sous les tropiques à Taïwan. Nous récupérons d’abord nos vélos emballés laborieusement il y a deux semaines dans des boîtes en carton faites maison. Mauvaise surprise, les boîtes ont un peu pris l’eau et notre bricolage en carton, déjà peu solide et bien chargé en scotch, est par endroits complètement ramolli. Il est trop tard pour trouver des nouvelles boîtes mais nous craignons que les nôtres ne se désagrègent avant d’arriver à l’aéroport… Nous séchons du mieux possible les cartons au sèche-cheveux, rajoutons encore quelques kilos de scotch et espérons qu’on nous laisse enregistrer nos vélos.
La chance finit quand même par nous sourire avec ces maudites boîtes et tout se passe très bien pour rejoindre Taipei, y compris les transferts en taxi avec tout notre chargement et le check-in des vélos à l’aéroport.
Nous avons adoré nos deux mois au Japon. La gentillesse des gens, le calme des campagnes, la magie des montagnes et le bouillonnement des villes font un cocktail bien équilibré et varié dont nous ne nous sommes pas lassés. Emilie verse une petite larme le dernier soir, consciente qu’elle ne reviendra pas ici de sitôt.
Nous pédalons maintenant à Taïwan sous un climat chaud et une ambiance encore très différente. Nous vous raconterons, mais Émilie a vite retrouvé le sourire 😀.
Fun facts:
La nourriture japonaise est en général très soignée et bien présentée, mais on la mange le plus souvent avec des baguettes en bambou jetables bon marché, même dans les restaurants assez chics. La consommation annuelle de baguettes est estimée à 25 milliards de paires.
Nous avons parcouru environ 1300 km à vélo et crevé quatre fois.
Les poubelles de rue sont aussi rares qu’en Corée, mais les rues encore plus propres.
Il y a environ 4 millions de distributeurs automatiques de boissons chaudes ou froides au Japon, jusque dans les endroits les plus reculés – sur les plages désertes de Tsushima par exemple.
Le sumo est un sport qui existe réellement.
=> nous avons ajouté un album photo récapitulatif sur le Japon.
Coucou les jeunes
Merci pour ces documentaires très bien écrits sur votre super voyage
de belles photos et vidéos on se régale
Vous êtes tous très heureux, les filles sont épanouies
A bientôt Bonne continuation
On vous embrasse
Marie-Noëlle et Gérard
Merci de nous lire et merci pour le petit mot ! Ça fait toujours plaisir d’avoir des nouvelles du pays ! On espère que vous allez bien et que l’hiver n’est pas trop froid 🥶
Bises à vous tous !
Hoi zaeme,
Great adventures in Japan! Thanks again for sharing so much in detail. I love to see that you continue encounturing so much friendly and human gestures on the day-to-day during your trip. OMG I have so many questions … let me drop a couple. Out of curiosity: did you live any earthquake during your stay in Japan and do you know if they have a recycling system for the chopsticks. I read that recycling might be quite expensive in Japan and I would like to contrast with your experience.
Already looking forward to the next blog entry.
Regards from the cave
Abrazos x4 from your friend Pedro
Hoi Pedro! It’s great to hear from our favourite caveman 😀 To answer your questions: 1. No, we did not experience any earthquakes in Japan. We did get reminded about them a lot in museums, on road signs or when talking to people, though… 2. Chopsticks are not recycled per se as it makes more sense to just burn them and collect the resulting heat, rather than try and wash them. There is a very prominent recycling system for different packaging materials (where people would for example wash their milk cartons, unfold them completely, hang them out to dry, and only then put them in a special container).
Muchos abrazos amigo! 🤗
Bonjour à vous quatre et un grand merci pour le partage de votre périple bien illustré par vos photos et commentaires avisés. Je redécouvre un Japon qui sur le fond n’a pas trop changé en 40 ans: persistance et omniprésence des traditions, disponibilité et gentillesse des japonais. J’avais adoré Kyoto et Nara, la cuisine japonaise et les usines automobiles. Bonne continuation
Merci de partager tes impressions sur le Japon. Ça correspond bien à notre ressenti aussi. J’avais eu l’occasion de visiter l’usine Toyota à Nagoya il y à quelques années et j’avais été impressionné aussi !
Bises !