Zàijiàn Taiwan, xin cháo Vietnam!
=> nous avons ajouté un album photo récapitulatif sur Taïwan.
Après avoir passé des moments magiques en compagnie des tortues marines de Xiaoliuqiu, nous ne continuons pas plus au nord que Dong’an sur la côte ouest, nous arrêtant ainsi aux portes de la région très urbanisée de Taïwan.
Pour rentrer à Taipei en train, nous préférons aussi à nouveau faire le tour par l’est, supposant que les trains et les gares seraient plus tranquilles. C’était probablement une bonne idée car le trajet s’est passé sans aucun problème, les petits trains locaux étant extrêmement pratiques pour les vélos. Les bornes automatiques sont très bien faites et permettent en quelques secondes de réserver les trains accessibles aux vélos. Les ascenseurs sont aussi assez grands pour nos tandems, il y a des rampes d’accès partout et il a toujours été facile d’arriver jusqu’au bon quai sans porter les vélos. Merci à ceux qui conçoivent les espaces publics 🙏.
En chemin nous faisons une halte de deux jours à Hualien, où nous avons la chance de retrouver nos amis Aga et Una, rencontrés ici-même deux semaines auparavant. Aga a entre temps fait un trajet similaire au notre, mais à pied ! Il y a une centaine de sites religieux éparpillés sur l’île et il s’est fixé l’objectif de les visiter tous. Nous faisons aussi la connaissance de Vincent et de sa compagne vietnamienne Para, que nous aurons peut-être l’occasion de revoir bientôt au Vietnam 🤗.
Nous nous faisons surprendre par la pénurie d’offres de logements raisonnables à Taipei le weekend et nous avons l’impression que ce qu’on y verra sera un peu redondant avec tout ce que nous avons déjà vu ailleurs depuis le début de notre voyage. Nous n’y passons finalement qu’une seule journée, en ayant toutefois le temps de traverser une bonne partie de la ville à vélo, de s’arrêter voir quelques monuments et de faire l’incontournable promenade jusqu’au sommet du Mont Éléphant. Là, de magnifiques sentiers et escaliers de pierres soigneusement aménagés dans une superbe forêt offrent plusieurs points de vue sur la ville et son emblématique gratte-ciel de 500 mètres, le Taipei 101. Certains quartiers de la ville paraissent franchement agréables, avec une abondance d’espaces verts, une infrastructure moderne et une ambiance sereine. Dans l’un de ces beaux parcs, un groupe de personnes s’adonnent à une séance de Tai Chi et effectuent des mouvements amples sur une musique douce. D’autres quartiers, loin d’être misérables pour autant, sont moins idylliques et on y perçoit la relative pauvreté d’une partie de la population, laissée pour compte et oubliée par le « progrès » et le « développement ». Voir des gens dormir sous des ponts n’a rien d’extraordinaire, malheureusement, quand on vient d’Europe ; un peu plus quand on arrive du Japon.
Lors de la traversée de Taipei, nous sommes passés devant deux immenses monuments à la gloire des héros de Taïwan. L’un d’eux est à la mémoire de Sun Yat Sen, le fondateur de la République de Chine. Il est un peu curieux de voir ici, à Taipei, un mémorial du premier président d’un pays qui était alors la Chine continentale, à une époque où Taïwan appartenait au Japon. Sun Yat Sen figure encore sur les billets de banques et est aussi un personnage vénéré en Chine pour avoir mis fin à la dynastie Qin. Toute une histoire…
Pour nos dernières soirées, nous profitons autant que possible des gourmandises sucrées ou salées de la cuisine taïwanaise en flânant dans les rues du marché de nuit. C’est un festival d’odeurs, certaines très alléchantes d’autres moins agréables pour notre sensibilité occidentale comme par exemple celle du tofu puant. Le tofu est très présent dans la cuisine (nous avons compté jusqu’à une vingtaine de tofus différents un soir au restaurant) et il a généralement un goût plutôt doux. Mais les Taïwanais ont découvert qu’on peut le faire fermenter avant de le faire cuire dans une sauce épicée. Il développe alors une odeur forte qui se détecte de loin. Certains hôtels interdisent d’en amener dans leur établissement tellement l’odeur peut être incommodante. Nos palais aventuriers n’ont pas trop aimé mais il faut reconnaître que c’est un plat original.
Nous quittons Taipei pour nous rapprocher de l’aéroport et nous occuper de la logistique avant de prendre l’avion. Les voyageurs avisés savent qu’il faut se méfier des chauffeurs de taxi. Ils seraient même tous des voleurs, si on en croit les forums sur internet ! Et bien c’est faux, en tout cas à Taïwan, et nous avons une anecdote pour le prouver.
En chemin pour notre hôtel à Taoyuan nous nous sommes arrêtés dans une boutique de vélos en espérant trouver des boîtes en carton. La chance, cette fois, nous sourit tout de suite et nous nous retrouvons avec quatre boîtes qui, une fois coupées et re-scotchées, seront parfaites pour emballer nos tandems. Seulement… nous sommes encore à trois kilomètres de l’hôtel, tous les quatre avec nos vélos chargés, en pleine ville avec une circulation chaotique et sans trottoirs. Nous faisons signe à un taxi et tentons de lui expliquer que nous voudrions qu’il transporte les encombrantes boîtes jusqu’à notre hôtel et nous attende sur place, pendant que nous le rejoignons à vélo. Il ne parle pas un mot d’anglais mais paraît très enthousiaste et nous essayons donc par tous les moyens de faire rentrer les boîtes dans le taxi. Impossible, ça ne rentre pas. Un autre monsieur s’approche en montrant son petit camion pickup garé non loin d’ici, lui aussi plein d’entrain et souriant. Les mots volent dans tous les sens en taïwanais et une solution semble avoir été trouvée : on nous fait signe de pédaler jusqu’à l’hôtel et de laisser les pros s’occuper des boîtes. Sur le chemin, nous nous faisons doubler par le taxi, vide, et le petit camion, chargé de nos précieuses boîtes 😀. Arrivés à l’hôtel, le chauffeur du taxi nous attend, tout sourire et content que nous ayons visité Taïwan à vélo. Nous devons insister pour qu’il accepte un petit billet et ne pouvons même pas remercier le chauffeur du petit camion car il est déjà reparti. Merci messieurs, ça change la vie quand les gens sont sympathiques !
Nous sommes arrivés à Taïwan en ignorant à peu près tout de son histoire et de ce qui s’y trouve, mis à part quelques clichés sur ses relations avec la Chine, ses usines de « Made in Taiwan » et ses puces informatiques. Habitée depuis des millénaires par des peuples malayo-polynésiens l’île de Taïwan a en fait une histoire commune avec celle de beaucoup d’îles du Pacifique, même éloignées de plusieurs milliers de kilomètres. On retrouve ainsi des similarités entre des dialectes parlés à Taïwan, en Nouvelle Zélande, à Hawaï, ou sur l’île de Pâques – pourtant à près de 15000 km.
Servant pendant un temps de comptoir aux Hollandais et aux Espagnols, l’île fut ensuite colonisée par les Chinois. D’abord ceux de la dynastie Ming, puis les Qing, avant d’être cédée aux Japonais après une défaite en 1895. Comme la Corée, Taïwan était ainsi une colonie japonaise jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale, quand le Japon dût « rendre » Taïwan à la République de Chine (ROC). En 1949 l’autoproclamée République Populaire de Chine prit le contrôle de la Chine continentale, mais pas de l’île de Taïwan, sur laquelle se réfugia le gouvernement de la ROC. La République de Chine, démocratique, et qu’on appelle donc maintenant essentiellement Taïwan 🇹🇼, n’est pas reconnue par la République Démocratique de Chine, communiste, qu’on appelle généralement la Chine 🇨🇳. Les raisons et les enjeux des tensions entre ces deux Chines nous échappent bien sûr totalement mais elles n’en sont pas moins visibles.
Déjà, il est difficile d’ignorer le rugissement des avions de combat quand ils décollent des nombreuses bases aériennes pour s’exercer dans le ciel. On aperçoit aussi les antennes radar qui hérissent les crêtes des montagnes et les bords de mer. Et puis il y a les petits panneaux dans les rues qui indiquent les emplacements des abris en cas de raid aérien. Moins évidents à comprendre pour nous, mais probablement plus pertinents pour les locaux, il y a les débats politiques qui animent actuellement les médias et la rue à l’occasion d’une campagne électorale disputée. Les prochaines élections présidentielles, qui auront lieu dans quelques semaines, font office de référendum sur la politique étrangère de Taïwan, qui doit choisir entre un rapprochement vers la Chine ou vers les États-Unis.
L’un des plus gros contrastes en arrivant à Taïwan après 3 mois en Corée et au Japon a été l’omniprésence du scooter sur les routes. Les deux-roues motorisés sont devenus les rois l’espace urbain et ils sont comme une deuxième paire de jambes pour beaucoup de personnes. On prend son scooter pour tout ! C’est une vraie nuisance sonore, sans parler des problèmes de pollution de l’air. Et bien sûr, il faut pouvoir garer tous ces engins devant chaque boutique, restaurant, café, école,… si bien qu’à l’exception de certains quartiers de Taipei les trottoirs ont plus ou moins disparu, transformés en parkings géants au fil des années. Malheureusement pour les piétons, il est ainsi souvent dangereux et déplaisant de se déplacer à pied dans la plupart des villes que nous avons traversées. Un point positif pour nous est que nous avons toujours pu garer nos vélos très facilement aux endroits prévus pour les deux-roues. Ce « problème » n’est pas unique à Taïwan, loin s’en faut. Nous écrivons ces lignes depuis le Vietnam et pouvons déjà vous dire que nous n’en avons pas fini avec les scooters 😅.
Une autre surprise dans ce pays bien développé a été la présence de nombreux chiens errants aussi bien en ville qu’à la campagne. Généralement, ils ne sont pas agressifs et les quelques fois où ils ont essayé de nous poursuivre, nous avons imité la technique des locaux : on leur crie un grand coup dessus dans notre langue maternelle et ils se calment tout de suite. La technique ne marche pas par contre pour faire fuir les moustiques, ni les macaques des sites touristiques attirés par nos sacoches 😄.
Taïwan nous a énormément plu et les quatre semaines sur place sont passées à toute vitesse. Nous avons eu un accueil exceptionnel par des gens souriants, décontractés et bienveillants. L’atmosphère y est un équilibre plaisant entre le respect des règles et un peu de pragmatisme pour trouver des solutions à tout. Cela est très appréciable alors que nous ne parlons pas chinois et voyageons avec des vélos atypiques. Dans ce pays où le tour de l’île à vélo est quasiment un pèlerinage, les encouragements étaient permanents et nous avons toujours été bien reçus en tant que cyclistes. Notre seul regret sera peut-être de ne pas y être restés plus longtemps ! Nous sommes maintenant au Vietnam et c’est (encore) un autre monde : nous vous raconterons 😀.
Fun facts:
Nous avons parcouru 880 kilomètres sans aucun problème mécanique, et seulement deux demi-journées pluvieuses.
Nos vélos ont sûrement été photographiés plusieurs milliers de fois.
Les camions poubelles passent tous les jours dans la rue, en claironnant une mélodie digne d’une boîte à musique pour enfants. Les habitants attendent sur le bas côté le passage du camion pour y jeter leurs sacs poubelles.
Il est fréquent de croiser des gens promenant leurs chiens dans des poussettes. Les chiens peuvent aussi « manger » à table assis dans leur poussette avec une portion de croquettes au menu de certains restaurants. C’est sans doute une mode asiatique…
Les commandes au restaurant se font directement sur le menu en faisant de petits traits à la craie devant les plats souhaités. Ceux ci sont ensuite amenés à table dans un ordre aléatoire : aussitôt prêts, aussitôt servis.
Il y a environ 15000 temples à Taïwan principalement boudhistes ou taoïstes. A cela se rajoutent d’autres lieux de croyances religieuses, ce qui fait au total un édifice religieux au kilomètre carré, soit beaucoup, beaucoup, de dragons multicolores !
=> nous avons ajouté un album photo récapitulatif sur Taïwan.
On se disait que c’était une drôle d’idée d’aller à Taïwan en pensant que c’était une grande usine qui produit tout ce qui s’achète chez nous. Surprise, vous nous faites découvrir un autre aspect de ce pays avec de beaux paysages, des montagnes, de la bonne nourriture et surtout des gens et des singes bien sympathiques. Merci pour le texte et les photos.
Étape après étape, vos récits nous font apercevoir la diversité de cette vaste partie du monde dont on ignore tant et que l’on imagine homogène, par ignorance. La pertinence du choix de cette destination pour une exploration au long cours émerge spontanément. Bravo et merci pour le partage, on en reviendra nous aussi moins c…
En vous attendant, on s’entraine à la préparation des alper macaroni, il faudra bien vous faire redécouvrir le goût unique du fromage fondu à la compote de pomme🤣
Roulez bien!
Merci Aubin, on se réjouit à l’idée d’un bon plat d’alper macaroni… mais on ne va pas se précipiter pour rentrer, vous avez le temps de peaufiner la recette 😉
Que de belles photos ! plein de couleurs , de rencontres, d’expériences variées. “un made in Taiwan” loin des clichés !
L’envahissement des rues par les scooters est impressionnant.
Scooters électriques ?
Bonne continuation au Vietnam.
Et ben là on peut dire que vous l’avez échappé belle !!
😲
🙏
Oh que oui… On a passé pas mal de temps à Hualien, la ville la plus proche de l’épicentre, ainsi que sur les routes et les chemins de randonnée où il y a eu plein de glissements de terrain 😳. Mais nos amis sur place vont bien 😮💨🙏
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