C’est parti !

L’idée de départ est simple : tout ranger soigneusement et partir tous les 4 avec quelques affaires seulement. Facile à dire… Et concrètement, rien de vraiment difficile, si ce n’est une accumulation presque sans fin de décisions à prendre et de petites tâches à accomplir.

La dernière semaine, et en particulier les deux derniers jours, était consacrée à la logistique. Mathilde a pris le train pour Freiburg, en Allemagne, afin d’y retrouver ses parents et nos deux filles. Après des au-revoir émouvants, les trois filles avaient pour mission de continuer jusqu’à Francfort et de trouver un hôtel près de l’aéroport.

Pendant ce temps, Sylvain était parti chercher une camionnette dans une agence de location à Lörrach, du côté allemand de la banlieue bâloise, pour transporter les baggages jusqu’à Francfort. Suite à un couac de l’agence de location, la camionnette en question avait plutôt la taille d’un camion de déménagement et notre chargement en tapisse à peine le fond.

Nous avions empaqueté les tandems dans 3 grands cartons, séparant des vélos tout ce qui était lourd et facile à démonter (sièges, béquilles, pédales, porte-bagages) afin qu’aucun carton ne dépasse la limite de 32kg imposée par les compagnies aériennes. Le reste des bagages, dix sacoches de vélo et deux petits sacs à dos, étaient répartis entre quatre bagages à main et deux gros sacs de toile – les mêmes que ceux utilisés par les migrants, nous a t’on dit…

Finalement, tout s’est déroulé sans accroc y compris l’enregistrement de nos bagages hors norme. Le vol lui-même passe sans problème et nous met doucement dans l’ambiance : les quelques films en mongol au programme nous laissent dubitatifs et nous nous contentons de consulter la carte du monde. Après 2 heures à survoler l’Europe (en contournant la Biélorussie…), les 6 heures suivantes sont consacrées à l’immensité de la Russie avant d’entrer en Mongolie.

Arrivés au lever du jour à l’aéroport d’Ulaanbaatar au milieu de la steppe, nous sommes accueillis par nos guides Bayala et Bata d’Évasion Mongolie (Evaneos). Nous avions contacté cette agence il y a 6 mois pour organiser la première partie du séjour et visiter le sud du pays, inaccessible sinon à vélo avec des enfants. Nous avons réservé un tour d’une dizaine de jours avec un guide francophone et un chauffeur qui nous conduiront en voiture à travers le désert de Gobi jusqu’à Karkhorin où nous retrouverons nos vélos.

Nous récupérons de l’absence de sommeil dans l’avion par une brève sieste dans un hôtel dont les 3 étoiles datent sûrement de l’ère soviétique et qui nous rappelle le Kyrgyzstan. L’après-midi sera grandement suffisant pour visiter Ulaanbaatar, citée sans charme où se mêlent la frénésie chaotique de constructions Chinoises, une infrastructure propagandiste soviétique en décrépitude, et des camps de yourtes qui semblent pousser comme des champignons.

Du béton plus récent côtoyant sans harmonie du vieux béton à l’abandon plante le décors d’une ville tentaculaire et morne, figée dans des embouteillages monstres et imprégnée d’odeurs d’échappement, de goudron et de poussière. L’hiver, entourée de centrales à charbon crachant à plein régime, Ulaanbaatar s’enveloppe d’un épais nuage de fumée noire, assurant ainsi son titre de capitale la plus moche du monde.

Nos guides nous font visiter le seul temple bouddhiste qui a survécu aux purges soviétiques. Sa grande statue de Bouddha a fini 5000km à l’ouest dans les fonderies russes, avant d’être restauré récemment.

Notre programme inclut aussi un moment de danses et musiques traditionnelles mongoles. Attendant peu de choses de ce spectacle pour touristes, nous sommes immédiatement captivés par une performance dynamique et surréelle, où se mêlent violons et autres instruments à cordes mongols, chants diphoniques d’un autre monde, chorégraphies joyeuses et vibrantes et airs tibétains lancinants. Malgré la fatigue et le décalage horaire, nous sortons fascinés de ce grand-écart culturel.

Nous finissons la journée par un repas local : viande en abondance, saveur de mouton omniprésente et portions bien copieuses 😋.

Cette journée à Ulaanbaatar nous donne une brève expérience d’une ville comme il en existe certainement des dizaines d’autres moins connues en Chine ou en Russie : ternes mais calmes, dégageant un sentiment de sérénité ou de lassitude qui échappe à notre compréhension d’occidentaux pressés.

Nous ne sommes tout de même pas tristes de nous en échapper le lendemain matin pour aller découvrir les grands espaces sauvages de Mongolie. Nous ferons route vers le Sud, direction le désert de Gobi !