баяртай Mongolia, 안녕 Korea!

Bayartai Mongolie, annyeong Corée !

=> nous avons ajouté un album photo récapitulatif sur la Mongolie sur une page séparée.

Nous profitons des trois heures de vol entre Ulaanbaatar et Séoul pour faire un petit bilan de notre séjour en Mongolie. Ces quatre dernières semaines nous laisseront des souvenirs impérissables, tant nous avons eu l’impression de vivre une aventure unique et hors du temps. Les points forts auront été sans doute la visite guidée du mythique désert de Gobi, ainsi que la découverte en autonomie des grands espaces des steppes mongoles. 

Les Mongols dégagent globalement une impression de zen et de sérénité, bien ancrés dans leurs traditions et leur terroir – même s’ils n’échappent pas à Facebook, Instagram et autres gadgets pour smartphones… Les voitures roulent généralement doucement et sans agressivité, ce qui est très appréciable en tant que cyclistes. La mortalité routière reste malheureusement élevée comme c’était le cas il y a une cinquantaine d’année en France (ceintures de sécurité à l’arrière optionnelles, absence de casques à moto, véhicules dans des états douteux, surface des routes abîmée…). 

En tant que famille de touristes occidentaux, mous avons éprouvé un sentiment général de sécurité, avec une population accueillante et bienveillante. La police est peu présente, sauf près des grandes intersections sur la route pour faire des contrôles d’alcoolémie. La prévalence de l’alcoolisme dans la population est d’ailleurs moins prononcée qu’attendu, ou en tout cas moins visible, si l’on compare à notre expérience khyrghyze il y a une dizaine d’années où les bouteilles de vodka occupaient facilement la moitié des boutiques et les invitations à boire étaient quasi quotidiennes. Dans la steppe mongole, les éleveurs sont bien occupés et se doivent de veiller à leur cheptel en permanence. La situation est probablement différente en ville, notamment à Ulaanbaatar, où le développement économique n’a pas été assez rapide pour absorber l’exode rural qui a eu lieu après la fin du bloc soviétique et où bon nombre d’anciens éleveurs se retrouvent sans emploi.

Étant donné l’immensité de ce territoire peu peuplé, nous avons été surpris de la couverture du réseau de téléphonie et internet, permettant une connexion 4G dans des endroits improbables. Ceci explique en partie qu’il soit maintenant possible de payer par carte presque partout, y compris dans les micro-épiceries de village. Cette modernisation des moyens de paiement date paraît-il de cette année seulement. Cependant, le débit internet reste très faible comparé à nos références occidentales, y compris dans les villes.  Déformation professionnelle oblige, Sylvain s’imagine que les flux de données dans le cyber espace mongol sont organisés comme la circulation automobile dans le centre d’Ulaanbaatar… L’accès à l’électricité est encore irrégulier dans les campagnes et beaucoup d’infrastructures sont équipées d’un groupe électrogène. Un orage ayant entrainé une coupure de deux jours a suffi à nous rappeler que ce modernisme est encore un luxe fragile. 

De même, l‘eau courante a été inexistante en dehors de notre bref passage dans la capitale et les enfants ont pu réaliser pleinement le progrès amené par l‘eau au robinet (toilettes, douches,…). Lors de notre tour à vélo autour de Kharkhorin, nous n’avons eu aucun problème à nous approvisionner grâce aux nombreuses rivières. Le filtre à eau s’est avéré indispensable et nous n’avons eu aucun problème de santé. 

Certains des préjugés que nous avions sur la Mongolie se sont avérés plutôt justifiés. La nourriture aurait partout un goût de mouton ? C’est vrai, au grand désespoir d’Emilie qui n’en raffole pas… Les Mongols apprennent à monter à cheval avant de savoir marcher ? C’est presque vrai, et nous avons vu des bambins tenant à peine debout être mis sur des chevaux par leurs frères ou sœurs à peine plus âgés. Les talents équestres des jeunes et des moins jeunes sont indiscutables et le cheval occupe toujours une place de choix dans la société mongole. Une grande partie du bétail éparpillé dans la steppe est rassemblé et dirigé par des cavaliers munis d’un lasso, même si les motos sont maintenant aussi fréquemment utilisées.

Côté environnement, nous confirmons que la Mongolie est très sauvage et l’impact de l’homme semble à première vue faible. Si quelques plastiques jonchent le bord des routes les plus fréquentées, les villes et villages sont relativement propres et des poubelles sont régulièrement disponibles (parfois avec tri sélectif). Cependant, la gestion durable de ces espaces naturels, pourrait être creusée lors de nos prochaines lectures, comme par exemple la gestion de l’eau imposée par l’accroissement du tourisme dans le désert de Gobi et les besoins de la production minière de la région. Par ailleurs, la présence de très nombreux troupeaux questionne un peu Mathilde sur l’impact sur la diversité écologique (déformation professionnelle 😉). La taille du cheptel a beaucoup augmenté dans les années 90 même si elle est stable ces dernières années. 

Nous avons été impressionnés par les conditions d’élevage du bétail. Les immenses troupeaux vivent en liberté quasi totale à l’année. Les chevaux, chameaux, vaches et yacks adoptent les comportements instinctifs des grands herbivores avec une organisation sociale captivante pour nos yeux d’Européens. Les Mongols sont très fiers de leur cheptel et de leurs conditions d’élevage dans le respect des bêtes. 

Le concept de végétarisme n’existe pas du tout, mais il faudrait être bien naïf pour voir cela comme un retard dans l’évolution des mœurs. C’est avant tout le bien-être animal dans nos fermes industrielles et le rapport dégénéré de nos sociétés occidentales aux animaux que la Mongolie met en évidence. Ce lien très fort entre la population et les animaux paraît fondamental quand près de 20% des familles sont encore nomades. Même si les conditions restent difficiles, le niveau de vie de ces familles nomades n’est plus forcément inférieur à celui des familles qui se sont installées en ville. Les revenus tirés de la vente du lait, de la viande ou de la laine peuvent en effet être conséquents – la Mongolie produit un cinquième de la laine de Cachemire mondiale.

La langue mongole est pour nous totalement incompréhensible et imprononçable. Elle est maintenant heureusement (pour nous) écrite avec l’alphabet cyrillique, donc avec un peu d’efforts nous arrivons à déchiffrer les mots. Ce n’est même pas le cas quand les mots sont écrits avec l’alphabet traditionnel, qui est paraît il inspiré fortement de l’écriture arabe, mais avec une rotation de 90 degrés. Les textes s’écrivent ainsi de haut en bas, et non de droite à gauche. Émilie et Héloïse se sont essayées avec beaucoup d’enthousiasme à la calligraphie mongole, au grand plaisir de leur maîtresse mongole 🤗. L’anglais n’est que très rarement parlé mais cela ne nous a guère gêné et fait un peu partie du charme de ce type de voyage !

Lors de la préparation de ce voyage familial individuel nous avions trouvé relativement peu d’informations. Nous nous devons de souligner l’excellent support logistique de l’agence Évasion Mongolie (un grand merci à Anja et tout son personnel accompagnant) sans lequel notre séjour aurait été nettement moins agréable. Nous avons été volontairement peu ambitieux dans notre itinéraire à vélo, privilégiant le temps passer à flâner dans les steppes au nombre de kilomètres parcourus. C’est vraiment sans regrets, car toute la famille a pu y prendre plaisir et profiter pleinement de cette expérience unique. Après notre tour organisé dans le Gobi et finissant à Kharkhorin, nous avions initialement prévu de rentrer à Ulaanbaatar à vélo (environ 400kms), car l’itinéraire paraissait facile et la logistique aurait été très simple. Pour avoir finalement fait cette section en voiture (avec chauffeur, le tout organisé par Évasion Mongolie) nous pensons avoir fait le bon choix : les paysages dans la vallée de l’Orkhon valaient vraiment le coup et la circulation relativement importante sur la route goudronnée entre Kharkhorin-Ulaanbaatar nous aurait de toute façon contraints aux pistes du réseau secondaire. 

Nos vélos Pino de la marque Hase Bike ne sont évidemment pas adaptés pour rouler sur des pistes en mauvais état, en particulier une fois chargés avec des sacoches. A refaire, nous ferions probablement… la même chose. En effet, les sections difficiles le seraient probablement encore plus si les enfants étaient sur leur propre vélo, et les sections faciles et roulantes, qui sont quand même nombreuses, sont vraiment agréables en tandem. C’est un réel bonheur de pouvoir tous avancer au même rythme, sans stresser ni les enfants ni les parents, tout en discutant (ou en chantant 😀). Nous n’avons eu pour l’instant aucun ennui mécanique, à part un axe de direction qui a tendance à se desserrer. Rien de bien gênant, mis à part qu’il faut une grosse clef plate (entre 28 et 30mm) pour le resserrer et qu’elle fait pour l’instant défaut dans notre caisse à outils. Cela nous fait des occasions de rencontrer des gens 😀.

Le tourisme est en encore très peu développé.  Nous avons été surpris de croiser un certain nombre de touristes coréens dans le désert de Gobi, destination à la mode sous l’impulsion de jeunes influenceurs. De nombreux produits coréens étaient d’ailleurs disponibles dans les supermarchés et la Corée s’impose ici comme une puissance régionale qui fait rêver la jeunesse mongole plus que les deux géants voisins Chine et Russie. 

C’est avec des yeux encore pétillants de la liberté des steppes que nous allons voir tout cela puisque nous sommes maintenant dans la capitale sud-coréenne et pour plusieurs mois dans une des régions les plus densément peuplées de la planète. Le contraste est intense 😅. À suivre…

Fun facts. En Mongolie, nous n’avons pas utilisé de machine à laver, pas vu de cyclistes, pas eu de crevaisons, pas vu de chiens méchants, et pas sorti les passeports ou autres papiers d’identité en dehors de l’aéroport. Nous avons passé 12 nuits en camping sauvage, 12 en yourtes, 2 en hôtel, 1 chez l’habitant et pris 9 « bains » dans des rivières. Aussi, la moitié des voitures sont des Toyota Prius. 

=> nous avons ajouté un album photo récapitulatif sur la Mongolie.